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libres pensées
15 mars 2019

Terminus Autun (page 6)

Le major Princet n’étant pas rentré, je décide d’aller humer l’atmosphère de la ville. Je congédie Perrin non sans avoir échangé nos numéros de portable.

Le choc est violent, au propre comme au figuré. Sur le perron de la gendarmerie, je me heurte à une digne représentante de la gente féminine moderne : dynamique, vue la démarche, indépendante, décidée, et ma foi fort jolie.

Personne ne sait grand-chose de moi, hormis des choses plus qu’évidentes liées à mon caractère de cochon, que je n’arrive jamais à cacher bien longtemps. Je n’ai jamais aimé m’exprimer ni sur mes sentiments, ni sur ma vie privée. Peut-être par pudeur ? A moins que ce ne soit pour ne pas ressasser et dévoiler ce qui cloche en moi et que j’arrive maintenant à peu près à identifier.

Il n’en demeure pas moins que si mon ophtalmo me corrige bien la vue, c’est pour que je puisse apprécier ce qui est beau. Oui, je porte des binocles, et pas uniquement parce que mes bras s’allongent pour faciliter la lecture à mon âge.

Cette dame est donc charmante, même si elle manque un peu de finesse au premier abord. La quarantaine, sa blondeur et l’oval parfait de son visage mis en évidence par un carré plongeant... Sa silhouette est également « intellectuellement avantageuse ».

Ça vous étonne cette culture en coiffure ? Moi aussi. Il y a du vocabulaire que l’on retient sans trop savoir pourquoi. Peut-être parce que ça rappelle quelqu’un ou une situation qui vous a marqué, allez savoir…

-          Vous êtes le flic de Paris ?

-          A qui dois-je cette perspicacité ?

-          Odile Frappart, journaliste à Morvan Presse.

-          Morvan quoi ?

-          Le quotidien local. Ne commencez pas à être dédaigneux, me lance-t-elle avec son plus beau sourire

-          Si vous cherchez le major Princet, il est absent.

-          Ce gros porc imbu de lui-même ? Non, c’est vous que je cherchais. Ne me demandez pas comment je vous ai trouvé, je fais le même métier que vous non ?

-          Si vous le dites.

-          Vous me payez un verre et vous en profitez pour me donner quelques tuyaux ?

-          Et à part passer un agréable moment en votre compagnie j’y gagne quoi, madame Frappart ?

-          Odile. Et vous c’est comment ?

-          Franck, puisque mes parents ont choisi ce prénom.

-          Enchantée Franck !

 La dame a une poignée de main virile, mais correcte. Malgré mes réticences à pactiser avec l’ennemi, je me laisse convaincre et prends donc place dans la Clio grise d’Odile, nettement plus propre et récente que le Kangoo aux bandes réfléchissantes passées au soleil conduit par Perrin.

-          Je vous fais faire un petit tour de la ville ? Vous verrez c’est vite fait, pas besoin d’un périphérique ici.

Ça m’a toujours fasciné ce besoin de faire systématiquement une référence parisienne dès que mes semblables savent que vous venez de la capitale. A chaque fois j’ai juste envie de leur dire : « Eh oh ! Les gens ! Je ne suis pas né parisien et j’ai une vraie vie, une vraie famille qui vit quelque part là où on peut croiser assez facilement des vaches et des chevaux autrement qu’au rayon boucherie de l’hypermarché du coin. »

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